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à la manière des critiques

|réalisé par clément cauquil, Colleen perat-boyer & clémence rondeau

Ecrit par

Clément Cauquil

Colleen Perat-Boyer

Clémence Rondeau

Crime Time réalisé par Julien Trousselier

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Sao Paulo, lieu de résidence d’Antonio, protagoniste principal, policier d’une trentaine d’années, fatigué et blasé par sa vie, qui va faire du crime un véritable business en déambulant dans les coins les plus sombres des favelas… Le décor est planté, le scénario nous maintient en haleine à chaque épisode de la série et a d’ailleurs obtenu le FIPA d’or du meilleur scénario. Que demander de plus ? Une esthétique remarquable, zigzaguant dans le labyrinthe des bidonvilles de Sao Paulo, sombres et dénués de tout charme.  Ajoutez à cela une bande son donnant sens au propos du film qui nous surprend, nous fait entrer dans l’action ou encore laisse place au suspens. Voilà ce que vous propose Julien Trousselier pour sa première réalisation, très prometteuse.
Le concept, lui aussi est nouveau pour le téléspectateur puisque cette série, dont les épisodes ne durent pas plus de dix minutes chacun, a pour but d’être diffusée uniquement sur smartphone cherchant un public intéressé et cultivé qui retrouvera ainsi les références cachées que les scénaristes ont glissées dans le scénario comme celle de « La Haine » réalisé par Mathieu Kassovitz.

Oblomov : Des planches à l’écran  réalisé par Guillaume Galienne

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Oblomov est un film français réalisé par Guillaume Gallienne et sorti en 2016. Ce film était en compétition au FIPA dans la catégorie « Musique et spectacle ». Comme acteurs principaux on retrouve Guillaume Gallienne dans le rôle de « Ilya Ilitch Oblomov », Adeline d’Hermy dans le rôle de « Olga » et Sébastien Pouderoux dans le rôle de « Stolz ».
Ilitch Oblomov, un propriétaire habitant Saint-Pétersbourg,  cultive comme son bien le plus précieux un penchant naturel à la paresse. Hanté par la nostalgie d'une enfance heureuse et insouciante, il passe ses jours à s'incruster dans son meuble favori, un divan, jusqu’au jour où Olga va faire irruption dans sa vie, une jeune femme dont il va tomber fou amoureux.
On reconnaît dans ce film la patte du réalisateur de  Guillaume et les garçons, à table !  (2013) avec des ellipses ou des flash-backs dans lequel on entre d’un simple mouvement de caméra et une interprétation très extravertie du personnage d’Oblomov. C’est une réelle prouesse cinématographique qu’arrive ici à réaliser Guillaume Galienne accompagné des comédiens de la Comédie Française. Ces derniers arrivent à projeter sur l’écran toute l’émotion et la force du jeu que l’on peut ressentir au théâtre. Malgré la contrainte d’un huis-clos dans lequel on pourrait se sentir enfermé, ou lassé, au contraire on s’évade à travers la voix prodigieuse d’Olga, la romance entre Olga et Oblomov et l’incrustation d’extraits cinématographiques mettant en relief les pensées d’Oblomov. C’est finalement conquis que l’on sort de la projection de ce film à la fois respectueux de l’histoire traditionnelle et du texte théâtral, mais aussi bouleversé par cette interprétation théâtrale sur grand écran.

Sacred réalisé par Thomas Lennon

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Israël, Pologne, Etats-Unis d'Amérique, Espagne, Ethiopie, Pakistan.
Je suis allée voir Sacred de Thomas Lennon sorti en 2016 et toutes les questions de l'enfant que je suis sont ressorties avant la séance.
Est-ce que tu crois en Dieu ? Dis-moi, est-ce que tu penses que Dieu existe ?
Non parce que je me suis toujours posé la question, depuis toute petite; ma Mamie ayant une représentation de Jésus et la Vierge dans toutes les pièces de sa maison, cela préoccupe.
D'ailleurs c'est Dieu avec une majuscule ou dieu avec une minuscule ? Là aussi c'est une question qui mérite d'être posée.
Mais c'est qui Dieu ? C'est quoi dieu ? Allah, Bouddha, Yahvé ? L'Océan, la Terre, l'amour, la paix ? On en arrive à détester, à tuer, à massacrer au nom de Dieu, alors c'est bien qu'Il doit être important, pour que les gens se tapent dessus depuis des milliers d'années, non ?
Et puis c'est bidon comme truc comment une vierge peut-elle avoir un enfant, on m'a toujours appris que pour qu'il existe un bébé il fallait que papa maman aient... enfin... qu'ils aient fait l'amour quoi.
Moi je ne comprends pas, comment quelqu'un qui a tout créé fait en sorte que tout se détruise.
Et puis est-ce qu'on met les dinosaures sur l'Arche de Noé ? C'est Dieu qui les a faits aussi ? Parce qu’ils ne sont pas écrits dans la Bible...
Attends, attends, Dieu a créé l'Homme puis la Femme, mais les hommes préhistoriques, ils étaient eux aussi dans le Jardin d'Eden ? On n'a pas évolué alors ? Mais ils disent n'importe quoi en Science de la Vie et de la Terre à l'école... Adam était-il alors un singe plus civilisé, plus propre ?
Si Dieu a tout créé à son image, pourquoi les gens sont-ils différents ? Et puis pourquoi tout le monde ne croit pas en Lui ? Pourquoi change-t-Il en fonction des religions ? Pourquoi devient-il plusieurs parfois ?
Et puis tous ces gens malheureux, Dieu, il s'en fout ? Pourquoi il a envoyé Ebola en Afrique, pourquoi il punit des innocents ? Pourquoi n'arrête-t-il pas les guerres horribles qui poussent les gens à s'enfuir et à mourir en mer ?
Après tout ça, moi je suis un peu perdue, je ne sais plus trop quoi penser. J'aimerais bien des réponses à toutes ces questions.
Tibet, Pérou, Japon, Madagascar, Liban, France, Chine, Canada.
Je n'ai eu aucune réponse aux questions de môme que j'avais mais de nouvelles sont apparues. Beaucoup plus profondes. Des questions qui m'ont demandé qui j'étais. En quoi avais-je foi. Est-ce que je savais ce que ça voulait dire “avoir foi” ? Sacred est une succession de gens qui prient, qui marchent quarante-quatre mille kilomètres autour d'une montagne sacrée, qui honorent la vie et Dieu, qui courent sous des pluies de couleurs, qui Lui parlent, qui se jettent au sol pour implorer son pardon, qui voyagent en quête de le rencontrer. Un mélange de force et d'absurdité, de rassemblement et de diversité, d'amour et d'harmonie, de peur et de puissance.
Angola, Ukraine, Sierra-Leone, Russie, Népal, Egypte, Philippines.
Des gens qui sans se connaître partagent la même force, qui se retrouvent pour échanger, qui s'aiment sans même le savoir, qui sont portés par la même énergie, qui vont jusqu'à se battre contre la mort pour une force qu'ils n'ont pour la plupart aperçue que lors d'un rêve, entre deux nuits agitées. C'est drôle, de voir en quoi tout se ressemble en étant si différent. Tous ces gens sont les mêmes mais quand ils se voient, se battent, pourquoi ? Sacred ne donne aucune réponse, il ne pose aucune question, il nous fait réfléchir sur la manière dont nous regardons le monde, sous quel angle nous nous lançons dans la vie. La religion, c'est pas si mal, c'est quand elle veut gouverner qu'elle est méchante. Tout dépend des lunettes que nous portons, la religion c'est peut-être simplement l'espoir d'une vie meilleure ? Tu le sais toi ce que c'est ? Moi j'ai l'impression que je ne ressentirai jamais ce qu'ils ressentent ces millions de gens à l'écran, pourtant ai-je tort ? Ma vie est-elle moins belle ?
Pays-Bas, Kenya, Arabie-Saoudite, Haïti, Myanmar, Botswana, Inde.
Sacred a été tourné par une quarantaine d'équipes dans une quarantaine de coins du monde, mettant au jour une quarantaine de fois différentes. Et puis alors, tu te retrouves devant, béat devant la beauté d'une union, l'esquisse d'un sourire sincère, d'une croyance vectrice de vie, à te demander : et moi, en quoi je crois ?

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